Daewoo Logistics pourrait retarder son vaste projet agricole à Madagascar

18 février 2009

Daewoo Logistics

La société sud-coréenne Daewoo Logistics a annoncé qu’elle pourrait retarder le vaste projet agricole en raison de la chute du prix du maïs, la crise mondiale rendant difficiles les levées de fonds, mais essentiellement en raison de l’instabilité politique à Madagascar.

« Nous pourrions devoir retarder notre projet d’investissement à Madagascar essentiellement en raison de l’instabilité politique qui y règne », a déclaré Shin Dong-hyun, directeur général du département financement et planification de Daewoo Logistics.

Daewoo Logistics avait conclu l’an passé un protocole d’accord avec le gouvernement pour la location de 1,3 million d’hectares de terres non cultivées pour produire de l’huile de palme et du maïs. Les projets restent proches de ceux présentés à la presse : planter 2.000 hectares de maïs au cours de l’année 2009, avant de s’étendre jusqu’à 1 million d’hectares de maïs dans la partie ouest de Madagascar, et 300.000 hectares dans l’est pour des plantations de palmier à huile.

Besoin d’investissements étrangers
La société sud-coréenne réaffirme que le projet est intéressant pour Madagascar. Il pourrait créer 71.000 emplois, et entraîner 6 milliards de dollars d’investissement en infrastructures : routes, chemins de fer, port, aménagements et écoles.

« Madagascar est un pays pauvre qui a besoin d’investissements étrangers pour son développement économique. Nous avons tout fait. Nous souhaitons encore investir là-bas, mais le gouvernement n’a pas pris toutes les mesures pour nous aider à aller plus loin dans notre investissement. Daewoo investit dans une région sous-développée à une époque où les grands investisseurs internationaux envisagent de réduire leurs investissements ou de se retirer du pays. (…) Nous espérons que Madagascar retrouvera la stabilité politique aussitôt que possible. Nous attendrons », a ajouté M. Shin.

Mis en lumière par le Financial Times en novembre 2008, ce vaste projet a suscité la colère à Madagascar et alimente la crise actuelle dans la Grande Ile, où la cession de terres à des étrangers est communément perçue comme une trahison.

Cette affaire a eu d’autant de plus de résonance quant on sait que 70% de la population est rurale. Elle met en effet en lumière une contradiction entre la redistribution des terres aux paysans prévue par une réforme majeure entamée en 2005 et l’ouverture de ce marché aux sociétés étrangères. La réforme foncière, l’une des plus symboliques et des plus ambitieuses menées par l’administration Ravalomanana, a cassé le principe de « domanialité » en vigueur depuis le début de la colonisation en 1896. Les paysans qui exploitaient depuis plusieurs années, voire plusieurs générations, une terre sur laquelle ils n’avaient aucun droit légal ont désormais la possibilité de la faire « certifier » grâce à une procédure simplifiée.

Location et non acquisition
Face à la persistance de la fausse information véhiculée partout, la société sud-coréenne Daewoo Logistics a récemment démenti qu’aucun acte d’attribution n’a été signé jusqu’à maintenant avec l’Etat et que la prospection parle de location et non d’acquisition. De même, le ministre de la Réforme Foncière, Marius Ratolojanahary, a souligné que les procédures sont encore en cours.

Notons que Daewoo fait partie des investisseurs internationaux ayant répondu à l’appel du gouvernement à investir dans le pays dans le cadre du développement rural.

Pour les analystes politiques, si le conflit politique ne s’apaise pas, de nombreux investisseurs étrangers risquent de se retirer du pays.