6 octobre 2009
Lors de son discours télévisé le 4 octobre, Andry Rajoelina a posé ses conditions de sortie de crise
Lors d’une déclaration Dimanche à la télévision nationale, Rajoelina a déclaré qu’il était prêt à respecter les accords de Maputo à condition que l’aide financière soit débloquée.
Rupture officialisée entre Rajoelina et Roindefo
Cette déclaration officialise la rupture entre Rajoelina et Roindefo mais surtout met à jour les divergences dans la HAT qui se sont accentuées ces dernières semaines. Les faucons et jusqu’au boutistes de la HAT, plateforme née du coup d’Etat de mars dernier à Madagascar, n’avaient de cesse de refuser la négociation et le partage du pouvoir. Rajoelina met ainsi à jour les difficultés qu’il avait à contrôler cette branche extrême de ces conseillers qui semblaient l’intimider. D’après le président du parti Otrikafo, Andrianjaka Rajaonah, « la décision de Andry Rajoelina a été déjà prise lors de son séjour à Paris ».
Pourquoi Rajoelina a-t-il attendu la veille de l’arrivée massive de représentants de la Communauté Internationale pour officialiser la rupture ? Est-ce la conséquence de l’humiliation Onusienne ou suite aux nombreux contacts à Paris ? En tout cas la décision définitive a été prise en terre étrangère.
Dans un communiqué, la diplomatie française a déclaré que son secrétaire d’Etat ferait partie de la délégation française tout en prenant le soin de préciser en écho aux conditions posées par Rajoelina :
« Dès la mise en œuvre effective des accords de Maputo, la Communauté internationale devra, de son côté, concrétiser son engagement d’accompagner ce processus de transition en vue de l’organisation d’élections crédibles. »
La France serait-elle prête à reconnaitre un gouvernement de transition avec Rajoelina à sa tête – et donc sans le consensus de toutes les mouvances puisque le camp Ravalomanana refuse la « récompense » d’un coup d’Etat en plaçant à la tête d’une transition un putschiste- mais avec un Premier Ministre consensuel ?
Déjà certains diplomates ont critiqué les propos de Rajoelina. De source diplomatique, on déclare que les exigences de Rajoelina n’ont pas de sens.
« Suggérer que nous donnions cet argent afin qu’il organise les élections prévues traduit une méconnaissance totale de ce à quoi cet argent doit servir », souligne-t-on. « Rajoelina est totalement déconnecté de la réalité. »
Rupture dans la HAT
L’opposition a condamné quant à elle cette « forme de chantage » :
« Ceci est une manœuvre dilatoire. Pourquoi ne pas simplement retourner à la table de négociations? », a déclaré pour sa part à Fetison Andrianirina, porte parole de la mouvance Ravalomanana.
« Il faut s’en tenir à l’accord de Maputo. Une fois que cet accord sera appliqué, les sanctions financières seront levées », a souligné de son côté Emmanuel Rakotovahiny, chef de la délégation de Zafy.
En coulisse des militaires s’impatientent : ainsi le général Rasolomahandry, le contre- amiral Radavidson et le colonel Raberanto dans une conférence de presse lundi ont déclaré que la sortie de crise et le sauvetage de Madagascar passent par ‘‘l’application des résolutions des Assises militaires, les Accords de Maputo et de la Charte de la Transition.’’ Puis, ils appellent pour le respect des droits humains fondamentaux en général et la liberté d’expression et de réunion publique en particulier.
Ils dénoncent le recours aux forces de l’ordre pour les transformer en force de répression et réclament le retour immédiat de la neutralité des forces armées et des militaires.
De leurs côtés, les partisans de Rajoelina commencent à se désolidariser de leur leader et les mots sont durs :
« ‘Nous allons nous opposer à la venue de la SADC et à la déclaration de Andry Rajoelina. Nous allons continuer la lutte menée sur la place du 13 mai, mais sans Andry Rajoelina. Il y a lieu de signaler que Andry Rajoelina a signé les accords de Maputo en tant que chef de mouvance et non en tant que président. » a déclaré Rajonah du parti Otrikafo
ONU, SADC, la communauté internationale est venue en masse
Une grosse délégation est présente pour les négociations de la dernière chance qui débuteront mardi. Union Africaine, SADC, OIF, Union Européenne, représentants des membres permanents de l’ONU seront présents pour trouver enfin une issue à cette crise qui n’a que trop duré. La montagne va-t-elle encore accouché d’un souris ? Peut-on encore croire en la bonne volonté de Rajoelina mais surtout en sa parole d’honneur ? Nos dirigeants privilégieront-ils enfin l’intérêt du pays à leur cupidité ?
Les dés sont jetés, l’histoire vous regarde.