Décalaration du Collectif des enseignants chercheurs de l’Université d’Antananarivo

5 octobre 2009

Déclaration du Collectif d’enseignants chercheurs de l’Université d’Antanarivo

En tant qu’éducateurs et citoyens à part entière en poste à l’Université d’Antananarivo, nous, enseignants chercheurs de l’Université, déclarons que :
En cette veille de l’arrivée de délégués du GIC à Antananarivo pour trouver une issue consensuelle au blocage de l’application de Maputo 1 et à la signature de Maputo 2, il convient de constater les réalités sur le terrain afin de pouvoir déterminer les efforts à fournir pour passer à l’étape suivante vers le retour à une situation favorable à l’organisation d’élections présidentielles et générales, conditions obligatoires de la mise en place des Institutions de toute République digne de ce nom.

Les Chartes et accords signés dans le cadre de Maputo 1 posent le cadrage global d’une démarche consensuelle vers une sortie de crise. Les travaux de Maputo 2 devaient permettre un accord consensuel sur une structure transitionnelle à même de réaliser l’application des Chartes et accords signés lors de Maputo 1. Mais ce fut un rendez-vous manqué.

Les fractures politiques et sociales nées du coup d’état du 17 mars 2009 ont-elles été trop fortes encore pour permettre un passage de velours entre les textes signés et leur application ? Toujours est-il qu’une mouvance sur les quatre s’est refusée à conclure Maputo 2 avant de consulter sa base, et a fini par remettre en question ses engagements de Maputo1. Preuve en est le refus d’exécuter les termes des différents accords et Chartes, dont ceux de la Charte des valeurs.

Une chose est certaine : chaque mouvance a ses sensibilités propres, ses priorités, sa base et ses objectifs. Mais un fait est tout aussi certain: sans accord consensuel, l’échec sera le même pour tous. Si nous ne pouvons même pas mettre en place et gérer consensuellement une transition, comment pourrions-nous prétendre à plus ? Et comment pourrions-nous y arriver si nous ne nous respectons pas suffisamment pour tenir nos engagements et nous en tenir à la parole donnée en tant qu’hommes d’état?

L’on peut lire de plus en plus sur la toile ces derniers temps qu’il faut penser à une alternative à Maputo : des élections directement ! Croyons-nous vraiment qu’il sera plus aisé de procéder à des élections sincères et équitables sans avoir posé un contexte structurel et légal approprié pour ce faire, sans avoir au préalable ramené la sécurité des biens et des personnes, sans avoir mis fin à toutes les formes d’intimidation, de violence et de harcèlement, liées aux divergences politiques? Il serait peut-être possible d’organiser ainsi, clopin-clopant, un mauvais référendum, mais qu’est-ce qui empêcherait le perdant de rééditer un coup de force qui nous plongerait dans la spirale de l’anarchie ? Cette campagne sur une alternative possible avait encore sa place avant Maputo 1. Les engagements pris par les quatre mouvances à Maputo 1, en présence des représentants légaux de la Communauté internationale, constituent un acquis solide, cohérent et fiable dont le rejet serait lourd de conséquences néfastes pour la nation et pour les politiciens de ce pays.

Manquerions-nous de courage et de volonté au point de renoncer au premier obstacle ? Ou agisserions-nous sous l’emprise d’intérêts étrangers à ceux de la nation malgache qui est aujourd’hui aspirée dans une tourmente sociale et économique qui n’a rien à envier au tsunami dont sont actuellement victimes les îles du Pacifique ?

Les négociations de Maputo 2 ont achoppé sur l’attribution de trois postes clés de la Transition. Elles ont donc partiellement abouti puisqu’il y a eu consensus sur les autres points. L’obligation des différentes mouvances est de revenir à la table de négociation pour trouver une solution consensuelle à cet écueil. Toute velléité d’esquiver ou voire d’annuler Maputo 1 serait non seulement un mauvais calcul, mais aussi l’aveu de la recherche d’intérêts autres que la résolution de la crise actuelle.

Ceux qui se proclament comme les défenseurs de l’intérêt suprême de la Nation et de la sauvegarde de la souveraineté nationale ne peuvent renoncer à la poursuite des négociations et du dialogue pour l’application de Maputo 1 et le parachèvement de Maputo 2. La Nation malgache jugera chaque mouvance à l’aune de son engagement et de ses actions pour cette réussite commune.

Fait à Antananarivo le Samedi 03 octobre 2009

Pour le Collectif,
Le Coordonnateur
Hasina A