2 octobre 2009
De l’épilogue fatale à New York au retour à la démocratie à travers les accords de Maputo
A trop vouloir jouer avec le feu l’on finit par se brûler. L’épigone de la lignée des dictateurs, Rajoelina, récemment atteint d’une sorte d’hémianopsie, a essuyé un fiasco retentissant en ayant été interdit de parole, coup sur coup les 24 et 25 septembre 2009 à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Cet épisode remarqué implique autant de messages forts que de conséquences historiques dont on connaissait les germes puisque le ver était en fait déjà dans ce fruit que les tenants de la HAT croyaient si délicieux.
DES MESSAGES FORTS
A New-York M. Rajoelina et sa délégation voulaient faire la démonstration d’une légitimité supposée acquise. Or, l’épisode peu glorieux qui est survenu au prétendu « Président » de Madagascar, qualité usurpée sous laquelle il s’est présenté devant cette instance des Nations Unies, a été un coup de massue. Il ne serait pas si grave si ce n’est qu’il a porté la honte sur Madagascar. Mais, il est vrai aussi que d’une certaine façon il a rendu un grand service à la cause démocratique de son pays puisque sa seule présence a suscité une très vive réaction des nations civilisées, à commencer par les pays africains, et en leur sein les pays membres de la SADC, et les principaux partenaires de Madagascar, lesquels par leur vote ont réussi, chose exceptionnelle dans les annales de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à interdire de parole à la tribune un orateur initialement inscrit.
Le premier message s’affichait ainsi pour dire un « Non » catégorique à des auteurs de coup d’Etat. Car, et c’est le second message, il était inacceptable qu’une entité factieuse qui foule au pied les principes universels figurant dans le Préambule de la Charte des Nations Unies s’exprime à l’adresse du monde entier. Ces mêmes nations savent également que Madagascar, la Grande Ile, nantie de ses valeurs propres de civilisation qui sont aussi à la source de ces principes universels, ne pouvait pas être représentée par des factieux. C’est le troisième message. Il y a une autre dimension importante à relever: la solidarité internationale a joué à fond pour, non seulement barrer la route à des factieux, mais surtout à les forcer à se démettre. Précisément, ce n’est pas un hasard si le représentant des Etats-Unis à la Commission onusienne des droits de l’homme a saisi l’occasion du fiasco de M. Rajoelina pour marteler le fait que la HAT doit se démettre pour laisser place à un pouvoir démocratique. C’est le quatrième message. Enfin, le cinquième message (à double volets) à retenir devrait faire réfléchir grandement la France et la Lybie, les deux pays qui n’ont pas hésité à soutenir Rajoelina dans sa folle escapade onusienne: d’une part, ce qui s’est passé à l’Assemblée Générale des Nations Unies doit être interprété comme constituant une sanction diplomatique claire contre les dirigeants d’une soi-disant « autorité » qui maintient tout un peuple sous son joug, et une telle sanction devrait être logiquement suivie des sanctions ciblées prévues par les instruments politiques et juridiques adoptés au sein de l’Union Africaine, qu’un récent communiqué du 18 septembre 2009 du Président de la Commission de l’Union Africaine a fort opportunément rappelé. D’autre part, l’entêtement de la France et de la Lybie, désormais montrées du doigt, les conduira inévitablement à leur isolement diplomatique dans le cas de Madagascar si elles ne se ravisent pas à temps en emboîtant le pas aux défenseurs et promoteurs des valeurs démocratiques.
POUR LA RECONSTRUCTION ET LE RELEVEMENT MORAL
L’opinion publique, tant nationale qu’internationale, est convaincue depuis fort longtemps du discrédit qui accable la HAT et de la disqualification de ses dirigeants pour conduire les affaires de l’Etat, ce d’autant plus que non seulement la HAT s’est maintenue malgré les stipulations de la Charte de Maputo, mais pire, ses tenants, à commencer par leur chef, M. Rajoelina, se sont eux-mêmes exclus du processus imposé par cette même Charte. Cette conviction reçoit une nette confirmation avec les faits qui se sont déroulés à New-York au sein des Nations Unies.
Dans ces conditions, toutes les forces démocratiques de ce pays devraient unir leurs efforts et leurs actions pour parvenir à imposer la fin d’une aventure aussi lamentable que préjudiciable à la nation entière. La fin de la HAT est programmée, elle s’inscrit désormais comme une donnée et une nécessité actuelles, admises, urgentes et incontournables.
Trois mouvances, celles du Président Ravalomanana et celles des anciens présidents Ratsiraka et Zafy sont maintenant face à une responsabilité historique qu’elles disent, à juste titre, vouloir assumer pleinement. A notre connaissance un Pacte politique et moral les lie déjà. Leur feuille de route est d’autre part toute tracée, c’est celle imposée par la Charte de Maputo. Elles s’affirment donc et prouvent de jour en jour comme étant les seules capables d’assumer les hautes charges qu’appellent les objectifs définis et assignés. Enfin, elles n’ont de cesse d’appeler à l’unisson de la cause nationale la mouvance Rajoelina. Ces constats étant acquis, il n’en demeure pas moins que les corps constitués, par leur abnégation obligatoire que dicte leur statut de serviteur de l’Etat – mais un Etat servi par un pouvoir légal -, les forces vives de la nation, par leur capacité productive et inventive inhérente à leurs vocations, tous se doivent d’adhérer maintenant ou jamais à ce qui se présente comme un ardent devoir national indissociable: la reconstruction et le relèvement moral.
Pour cela, il faut bien sûr que dans les délais les plus brefs, le Gouvernement de consensus se mette en place, dans l’esprit d’un véritable consensus, c’est à dire non pas autour de choix du plus petit dénominateur commun, mais dans la détermination d’objectifs communs ambitieux à la hauteur des graves enjeux du moment. C’est d’ailleurs à cette condition que les aides et les accords de coopération que prévoit la Charte de Maputo pourront être largement accordés par la communauté internationale, ce qui suppose aussi que d’emblée le dispositif diplomatique mis en place par le Président Ravalomanana avant le coup d’Etat du 17 mars 2009, et qui a donné les multiples preuves de son efficacité, puisse être maintenu à condition que les chefs des missions diplomatiques qui ont fauté en servant la HAT soient remerciés.
Il n’y a donc plus à tergiverser, une véritable dynamique politique autour des trois mouvances, dont on voit actuellement les contours, doit rapidement prendre de l’ampleur et bénéficier de l’appui sans réserve du Peuple mais aussi de la communauté internationale. Cette réalité doit prendre corps immédiatement, surtout dans la perspective de la venue prochaine, le 6 octobre 2009, d’une importante mission internationale d’évaluation conduite par le Président de la Commission de l’Union Africaine, auquel doivent se joindre le Président de la Commission Justice et Paix de la même Organisation et les membres du Groupe International de Contact sur Madagascar. C’est une chance unique à saisir et à ne point rater.
La dure fatalité s’abat sur une HAT moribonde pour un épilogue sans gloire – comment aurait-il en être autrement ? il faut maintenant qu’un chapitre nouveau s’ouvre sur un nouvel acte : la mise en place définitive des institutions prévues par la Charte de Maputo, qui doit correspondre à l’Acte I du retour à la Démocratie à Madagascar.