Discours de Ravalomanana au sommet extraordinaire de la SADC le 30 mars

1 avril 2009

(Traduction libre)

Votre Majesté le roi Mswati III

Votre Excellence, le président Motlanthe,

Votre Excellence, le secrétaire exécutif de la SADC,

Vos Excellences,

Chers Ministres,

Mesdames et Messieurs,

J’aimerais remercié sa Majesté le roi Mswati III et le president Motlanthe pour avoir convenu de tenir ce sommet extraordinaire de la SADC.

A différentes occasions, la SADC a pu évaluer la situation sur le terrain et rendu compte de la réalité à sa Majesté le roi et au président Molanthe.

La mission ministérielle menée par le ministre des affaires étrangères du royaume du Swaziland a pu aussi évaluer la situation qui était déjà très tendue. C’est pourquoi ce sommet est très important pour le peuple de Madagascar. Son avenir dépend de ce qui va en ressortir.

Votre Majesté, vos Excellences, je n’ai jamais démissionné, j’ai été forcé de transmettre mon pouvoir sous la menace d’armes ce 17 mars.

Ma famille et moi étions encerclés par des soldats qui menaçaient nos vies. Mon fils et sa femme ont été obligés de se cacher dans la forêt.

Le seul échappatoire pour nous était de quitter le pays.

Andry Rajoelina, l’ancien maire de la capitale, Antananarivo, a pris le pouvoir par le terrorisme. Il a provoqué des actes de violences et de destructions sans précédents. Et cela depuis le 26 janvier.

La radio et la télévision nationales ont été brûlées et plus de 20 magasins et centres commerciaux ont été pillés et brûlés. Rajoelina a utilisé sa propre radio et chaîne de télévision pour appeler à des troubles.

Grâce à ces stations, il a répandu des rumeurs contre le gouvernement.

Il a utilise cette stratégie pour :

1. Terroriser la population et

2. Déstabiliser le pays

L’économie est dans une situation catastrophique. Des centaines d’entreprises ont du fermer à cause des pillages. Les forces de sécurité n’ont pu arrêter cette vague de destruction par manque de matériels anti émeutes. Ils ont été submergés par la gravité de cette violence organisée.

Andry Rajoelina déclara très tôt qu’il voulait prendre le contrôle du pays. Le 31 janvier il dit au pays tout entier qu’il était le nouveau leader et déclara à l’administration et aux forces de sécurité qu’elles étaient désormais sous ses ordres. Et jour après jour, il organisa des démonstrations quotidiennes pour le secteur public et le secteur privé.

Le 7 février, il s’autoproclama « President de la Haute Autorité de Transition ». Il nomma un premier ministre qui mit en place un gouvernement. Tout ceci se déroula durant des manifestations de rue. Par la suite il essaya de prendre le palais présidentiel et les ministères mais en vain.

Au fûr et à mesure que ses intentions de prendre le pouvoir de manière illégale devenaient flagrantes, et que la violence persistait, il commença à perdre des soutiens. Dans des discours, il commença à menacer des citoyens : ceux qui ne voulaient pas participer avaient leurs maisons marquées. Son équipe commença à menacer des ministres, des députés, des sénateurs, et des gérants de média. Deux journaux arrêtèrent de publier.

Il annonça ensuite qu’il prendrait le pouvoir à l’aide des forces armées. Le dimanche 8 mars, il organisa une mutinerie au sein d’une faction de l’armée. Des sous officiers se rebellèrent contre leurs supérieurs. Certains officiers avaient été pris en otage dans un camp de l’armée.

Sa ministre de la Justice lança des mandats d’arrêt contre des membres du gouvernement. Avec l’aide des mutins il prit le bureau du Premier Ministre le 13.

Trois jours plus tard, les soldats mutins prirent le palais présidentiel dans la ville.

Le mardi 17, il envoya des troupes prendre le palais présidentiel à Iavoloha où je résidais et où je travaillais. Ils dispersèrent des milliers de mes partisans en dehors du palais avant de l’attaquer.

Le même jour, les soldats mutins ont attaqué une réunion. Ils ont pointé leurs armes sur des diplomates, des hautes personnalités de l’Eglise et de l’armée. Ils ont même pris un haut gradé de l’armée et un pasteur en otage. Ils réclamaient que le pouvoir soit transmis à Rajoelina.

Dès qu’il s’empara du pouvoir, Rajoelina dissout le Parlement. Il modifia aussi la Constitution en changeant le structure de la Haute Cour Constitutionnelle. En conséquence, 10 des 11 membres étaient nommés par lui et son gouvernement.

Le peuple de Madagascar ne veut pas d’un régime non démocratique. Depuis une semaine, les gens manifestent contre cela et réclament mon retour. Plus de 30 000 personnes ont manifesté ce samedi. Malheureusement, la violence et l’intimidation continuent de prévaloir. Après les manifestations de samedi, un groupe de soldats rebelles et des miliciens ont chassé les personnes qui manifestaient pacifiquement dans la capitale à Antananarivo. Ils ont tiré sur des manifestants. Il y a eu 7 morts et plus de 30 blessés. Des personnes sont portées disparues. Certaines ont été arrêtées.

Votre Majesté, vos Excellences, je suis si attristé par cela. Madagascar s’en sortait si bien. Nous étions classé parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne avec un taux de croissance au dessus de 7%. Désormais il y a une véritable perte de confiance en les affaires à Madagascar. Les investisseurs fuient, la communauté internationale retire son soutien. Ce sont les populations les plus pauvres de Madagascar qui vont en souffrir le plus. Elles ne le méritent pas.

Votre Majesté, vos Excellences, ces derniers mois ont été une période très très douloureuse de ma vie. Je suis attristé par les pertes en vies humaines, par la destruction incompréhensible de tout ce que nous avons accompli.

Votre Majesté, vos Excellences, la seule solution à cette crise est le retour au pouvoir du gouvernement démocratiquement élu. C’est ce que le peuple de Madagascar réclame. C’est pourquoi il y a eu des manifestations quotidiennes dans différents endroits du pays pour demander mon retour. Le coup d’Etat et l’actuel régime sont en train de détruire Madagascar tous les jours. Une partie de l’armée est hors de contrôle. Les fonctionnaires sont en grève. Les fonds du gouvernement ont été retirés. La population refuse de payer des taxes à un gouvernement non élu.

Pour toutes ces raisons, je demande votre aide pour sauver Madagascar du chaos et de l’anarchie. J’ai besoin de votre aide pour revenir dans mon pays. La situation qui prévaut à Madagascar est inacceptable. L’Etat de droit et la démocratie doivent être restaurés.

Une fois revenu au pouvoir, je prendrai les mesures suivantes :

  • 1. Mettre en place un gouvernement de consensus et inclusif
  • 2. Mettre en place une Commission Électorale indépendante
  • 3. Restructurer et reformer l’armée et la police avec l’aide de la SADC et d’autres partenaires
  • 4. Améliorer l’atmosphère des affaires
  • 5. Assurer que l’Etat de droit soit respecté
  • 6. Tenir des consultations nationales sous la forme d’un référendum ou d’une élection présidentielle anticipée

En conclusion, je fais un appel solennel à la SADC pour qu’elle intervienne pour déloger les insurgés et restaurer la démocratie dans mon pays.

Je remercie le président Motlanthe, le président de la SADC, le roi Mswati III, le président des comités en charge de la politique, de la défense et de la sécurité de la SADC, et tous les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont assisté à ce sommet.

Merci pour votre présence merci pour votre compassion. J’ai pleinement confiance en la solidarité et le soutien mutuel entre membre de la SADC.

Merci.

Version originale
Your Majesty King Mswati the Third,

Your Excellency, President Motlanthe,

Your Excellency, the Executive Secretary of SADC,

Your Excellencies,

Honorable Ministers,

Ladies and Gentlemen,

I would like to thank His Majesty King Mswati the Third (III) and President Motlanthe for convening this extraordinary SADC summit.

On different occasions, SADC has assessed the situation on the ground and made its report to both His Majesty and President Motlanthe.

The Ministerial mission, led by the Minister of Foreign Affairs of the Kingdom of Swaziland, could also assess the situation, which was already very tense.

That is why this summit is very important for the people of Madagascar. Their future depends on its outcome.

Majesty; Excellencies, I never resigned. I was forced to hand power over, at gun point, on March the 17th.

My family and I, were surrounded by soldiers threatening our lives. My son and his wife were forced to hide in the forest.

The only escape for us was out of the country.

Andry Rajoelina, the former Mayor of the Capital, Antananarivo, seized power through terrorism. He has incited unprecedented violence and destruction. And this since the 26th of January.

National and private radio and television stations were burnt down, and more than 20 shopping centres were looted and burnt down. Rajoelina used his own radio and Television stations for subversive propaganda.

Through these stations, he spread rumors against the government.

He made use of this strategy to:

1) terrorize the population and

2) destabilize the country.

The economy has been ruined: hundreds of businesses had to close down due to looting.

The security forces could not prevent the wave of destruction because they lacked anti riot equipment. They were overwhelmed by the scope of organized violence.

Andry Rajoelina claimed very early that he wanted to take charge of the country. On the 31st of January, he ordered the whole country to follow his leadership.

He told the administration and security forces they were under his command. And day by day, he orchestrated disruptive demonstrations, for both the public, and the private sector.

On the 7th of February, he proclaimed himself ‘president of the Higher Authority of Transition’. He appointed a prime minister, who named a cabinet of ministers.

All this occurred during street rallies. He then attempted to take over the presidential palace and the ministries. He did not succeed at this stage.

As his intentions of taking over power illegally became apparent, and the violence continued, he began losing support.

In speeches, he began threatening citizens: those unwilling to participate, would have their houses marked. His team began sending threats to ministers, MPs, senators, and media managers. Two newspapers had to stop publishing.

He then announced he would seize power with the help of armed forces. On Sunday the 8th of March, he organized a mutiny within a faction of the army. Junior officers rebelled against senior officers. Some officers were taken hostage at the army barracks.

His ‘Minister of Justice’ issued arrest warrants against members of the cabinet. With the help of the mutineers, he took the prime minister’s office on Friday the 13th.

Three days later, the mutinous soldiers took the Presidential palace in town.

On Tuesday the 17th, he sent troops to take the State Palace of Iavoloha, where I used to reside and work. They dispersed thousands of supporters camped outside the Palace, before they stormed it.

On the same day, mutinous officers stormed a meeting. They pointed guns at diplomats, senior members of the church, of the civil society, and of the army. They even took high ranking officers and a pastor hostage. They demanded power be handed over to Rajoelina.

As soon as he took power, Rajoelina dissolved Parliament and the Cabinet. He has also modified the Constitution, by changing the structure of the High Constitutional Court. As a result, 10 out of the 11 members are appointed by him and his government.

The people of Madagascar do not want this undemocratic regime. For over a week, people have been demonstrating against it, and asking for my return. Over 30 000 people were protesting last Saturday.

Unfortunately, violence and intimidation still prevail. After last Saturday’s demonstration, a group of rebellious soldiers and some militiamen chased the people who held the peaceful demonstration in the Capital, Antananarivo.

They shot at the demonstrators. As a result, 7 died, and more than 30 were injured. Several people are missing. Many were arrested.

Your Majesty, Excellencies, I am so saddened by this. Madagascar was doing so well. We were ranked among the best performing economies in Sub Saharan Africa with a growth rate of above 7% last year. Now there is total loss of business confidence in Madagascar.

Investors are pulling out, the international community is withdrawing its support. The poorest people of Madagascar are the ones who will suffer the most. Surely they do not deserve this.

Your Majesty, Your Excellencies, these last few months have been a very very painful episode of my life. I am saddened by the futile loss of lives, the senseless destruction of everything we had achieved.

Your Majesty, Your Excellencies, the only solution to this crisis is to return the democratically elected Government back to power. This is what the people of Madagascar are calling for.

This is why there are rallies in different parts of the country on a daily basis, asking for my return.

The coup and the current regime are destroying Madagascar every day. A faction of the army is out of control. Civil servants are on strike. The government’s funds have been withdrawn. People refuse to pay taxes to an undemocratic government.

For all these reasons, I ask for your help to save Madagascar from chaos and anarchy. I need your assistance to go back to my country. The situation prevailing in Madagascar is unacceptable. The rule of law and democracy must be restored.

Once back in power I will undertake the following:-

1. Constitute a new consensus inclusive Government.

2. Establish an Independent Electoral Commission

3. Restructure and retrain the army and the police, with the assistance of SADC and other partners

4. Improve the business climate

5. Ensure that the rule of law is observed

6. Hold national consultations for either a referendum or anticipated presidential elections

In conclusion, I make a special plea for an intervention of SADC to remove the insurgents and restore democracy in my country.

I must thank President Molanthe, the Chaiperson of SADC, and King Mswati The Third, the chairperson of the SADC Organ on Politics, Defense and Security, and all the heads of State and government who have attended the Summit.

Thank you for your assistance and compassion. I have full confidence in the solidarity and the mutual support between members of the SADC.

Thank you.